[SEMINAIRE] Sexualités imprimées #6 : Germaine Krull et Brassaï
SéminaireAvec le cycle "Sexualités imprimées", la Bibliothèque Kandinsky entend relire ses collections au prisme de la culture visuelle LGBTQI+, des livres illustrés de Jean Boullet aux queer zines, de la presse érotique des années 1930 aux magazines homosexuels des années 1980. Pour sa sixième séance, le séminaire se focalise sur les milieux de sociabilité, les codes et l'érotisme lesbien des années 1930, à partir de la production de deux photographes important·es, Brassaï avec Bruna Holderbaum, et Germaine Krull avec Michel Frizot.
Germaine Krull : nu(e)s et sexualité(s), un mélange des genres
De sa formation à l’Ecole de photographie de Munich à la publication du portfolio Etudes de nu en 1930, (et au-dela dans les années 1930), Germaine Krull (1897-1985) n’a cessé de produire des nu(e)s exclusivement féminins, tout en s’affranchissant des standards esthétiques et des convenances de « genre ». On replacera cette pratique dans ses circonstances biographiques et dans le contexte photographique, pour montrer le caractère transgressif généralisé de l’œuvre de Germaine Krull.
Michel Frizot est historien et théoricien de la photographie, ancien directeur de recherche émérite au CNRS-EHESS. Il a été chargé de mission au Centre national de la photographie (1982-1989) et a dirigé la Nouvelle histoire de la photographie (Bordas, 1994). Il est l'auteur d'un grand nombre d'articles scientifiques et d'ouvrages : Histoires de voir (Centre national de la photographie, 1989), Étienne-Jules Marey, chronophotographe (Delpire, 2001), Henri Cartier-Bresson, Scrapbook (Steidl, 2006), Photo trouvée (Phaidon, 2006), VU, le magazine photographique, 1928-1940 (La Martinière, 2009). Ses travaux les plus récents (exposition et catalogue Toute photographie fait énigme, Hazan, 2014) invitent à une reconnaissance des exclu·es de l'histoire de la photographie et proposent une théorie de la réception de ce médium. Son exposition dédiée à Germaine Krull (Germaine Krull (1897-1985). Un destin de photographie, Jeu de Paume, 2015) et la monographie qui l'accompagne (Germaine Krull, Hazan, Jeu de Paume, 2015) s'inscrivent à la suite de sa rétrospective André Kertész (Jeu de Paume, 2010).
Ces dames “monoclées”. La nuit lesbienne vue par Brassaï
Brassaï nous offre à travers ses photographies un rare aperçu de la vie mondaine des lesbiennes au début du XXe siècle. Son livre Voluptés de Paris (1934) ouvre une fenêtre sur un des plus emblématiques cabarets féminins parisiens, Le Monocle. Dans ce lieu dédié aux plaisirs saphiques, patronne, employées et clientes vont former une communauté avec ses propres codes. Pour se reconnaître et aussi pour séduire, ces femmes chaussent leur monocle et créent un style qui fascine et dérange. À partir des images prises par le photographe nous observerons la formation d’une culture lesbienne moderne.
Bruna Holderbaum est chargée de cours à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Son travail s'intéresse aux processus de travestissement, appropriation, adoption et adaptation des vêtements codés comme masculins par des femmes. Actuellement en quatrième année de doctorat en histoire contemporaine à l’Université d’Angers, elle prépare une thèse sur « Une histoire transnationale du smoking : genre, sexualité et pouvoir », sous la direction de Christine Bard.
En vignette: Brassaï, La grosse Claude et son amie, Au Monocle, vers 1932, Centre Pompidou, MNAM-CCI (AM 2012-158). © Estate Brassaï, GrandPalaisRmn / Photo: © Centre Pompidou, MNAM-CCI / Georges Méguerditchian / Dist. GrandPalaisRmn