André Del Debbio, de Carrare à Montparnasse

André Del Debbio nait à Carrare en Italie en 1908. Il rejoint son père et son oncle tous deux sculpteurs à Paris dans le quartier de Montparnasse, et s’initie dès son jeune âge au travail de la pierre et du marbre. Il travaille régulièrement avec des sculpteurs établis impasse Ronsin et expose ses premières sculptures en 1931, puis participe à de nombreux salons.

De 1937 à 1946, il est chef d’atelier à l’Académie de la Grande Chaumière à Montparnasse sous la direction de Charles Despiau et Robert Wlérick et consacre dès lors sa vie à l’enseignement des beaux-arts en devenant professeur puis co-directeur de l’Académie Julian à partir de 1946. Au début des années 50, il s'installe dans un atelier de l’impasse Ronsin, où il donne des cours de sculpture sur pierre et y côtoie notamment Constantin Brancusi, Henryk Berlewi, Max Ernst, Alexandre Istrati, Jean Tinguely et Niki de Saint-Phalle. Vice-président de la Société des artistes indépendants de 1977 à 2002, il contribua à la pérennité de la sculpture européenne et à la découverte de nouveaux talents, parmi lesquels François-Xavier Lalanne, Vincent Batbedat ou encore Alicia Moï-Orban.
 

Le fonds d'archives
 

Les seize boîtes d'archives du fonds André Del Debbio nous plongent dans l'activité artistique d’un jeune sculpteur dans le Montparnasse de l’entre-deux-guerres et témoignent d’une vie passionnément consacrée à l’enseignement. Elles contiennent de la correspondance personnelle et professionnelle, des documents manuscrits, des articles de presse, des archives administratives et de nombreuses photographies retraçant ses activités d’enseignant et d’artiste de 1920 aux années 2000.

Si ces nombreux documents attestent d'une activité créatrice très féconde, ils mettent également en lumière les liens d’amitié et de complicité tissés entre « Le Maître », ses élèves et ses modèles. En témoignent plusieurs joyeuses photographies de groupe et beaucoup de lettres de ses étudiants.

Le fonds couvre également ses années d'engagement auprès du Salon des Indépendants de 1929 à 2008, auquel il participa en tant qu’exposant et en qualité de vice-président. À travers une correspondance administrative et des reportages photographiques annuels, cet ensemble nous informe sur le fonctionnement de la Société des artistes indépendants et sur l’organisation de ces salons. C’est notamment à ces occasions que l’État et la Ville de Paris feront l’acquisition de sculptures, dont La Mongole en 1964 sous l’autorité d’André Malraux. Par ailleurs, une exposition rétrospective au sein du Salon des Indépendants lui sera consacrée en 1998.

L'ensemble de ce fonds présente aussi l'intérêt de complèter le fonds Marc Vaux déjà conservé à la bibliothèque Kandinsky. Ami du photographe, figure emblématique de Montparnasse, André Del Debbio fréquente assidument le Foyer des artistes – lieu d’exposition et de convivialité fondé par Marc Vaux en 1946 – et prend part à de nombreuses manifestations festives organisées dans le quartier (CRE 5, CRE 7, DELD 3).

Soulignons que toutes les archives relatives à l’Académie Julian dont André Del Debbio a été professeur avant-guerre puis co-directeur à partir de 1946 ont été versées aux Archives nationales.

L'impasse Ronsin

La majeure partie du fonds est en outre consacrée à l’impasse Ronsin, située dans le 15^e arrondissement de Paris, où André Del Debbio louait deux ateliers aux côtés de ceux de Constantin Brancusi, Hanna Ben-Dov et Max Ernst. De nombreuses photographies ainsi qu'une abondante correspondance témoignent du charme et de la quiétude des lieux, qui ont très probablement nourri l’inspiration créative de leurs habitants. Au pied d'ateliers certes un peu vétustes, des œuvres en devenir jonchent les allées de l’impasse, blocs de pierre ou pièces en métal, murs peints ou fragments de bois, groupes de personnes soudées, et sont autant de traces d’un lieu de partage et d’émulation collective.

Disparue aujourd’hui, l’impasse fut longtemps un haut lieu de production et d’échanges artistiques jusqu’en 1971, date de l’expropriation des derniers ateliers d’artistes à la suite du rachat des terrains par l’hôpital Necker. Très affecté par cette démolition, André Del Debbio poursuivit néanmoins ses activités d’enseignant dans le même quartier jusqu’à son décès en 2010.

En cela, le fonds Del Debbio rappelle le combat mené, durant les mêmes années, par les sculpteurs Karl-Jean Longuet et Paul Belmondo pour sauver leurs ateliers au lieu-dit « Atelier Denfert », 77 avenue Denfert-Rochereau dans le 14^e arrondissement. C’est également à cette époque que La Ruche fut menacée de démolition, ainsi que plusieurs autres « cités d’artistes », dont certaines ont eu une fin plus heureuse et peuvent encore être admirées aujourd’hui.
 

En vignette : André Del Debbio, Modelage de La Finlandaise, 1959. Photographe non identifié

Centre Pompidou/MNAM-CCI/Bibliothèque Kandinsky, fonds André Del Debbio DELD 12
Photo : Centre Pompidou, MNAM-CCI, Bibliothèque Kandinsky

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