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Bibliothèque Kandinsky

[EN VITRINE] Fonds Geneviève Asse



Céline Heytens et Pascale Hilsz
04 mai 2023

A l'occasion du centenaire de la naissance de la peintre Geneviève Asse (1923-2021), le Centre Pompidou lui rend actuellement hommage dans les collections du Musée national d’art moderne. La Bibliothèque Kandinsky s’associe à cet évènement pour présenter le fonds d’archives de l’artiste donné l’année dernière par sa compagne, l’écrivaine et traductrice Silvia Baron Supervielle.

Ce fonds retrace les différents aspects du travail de Geneviève Asse en tant qu’artiste peintre, graveuse, dessinatrice et illustratrice de livres, ainsi que son engagement pendant la Seconde Guerre mondiale et son implication dans l’Ordre des Arts et des Lettres. Ces archives sont également complétées par un ensemble de quarante ouvrages dont plusieurs beaux livres illustrés par Geneviève Asse ou par d'autres artistes, notamment "Celui qui ne peut se servir de mots : à Bram Van Velde" (1975), "Haeres" d'André Frénaud (1977), "Hommage à Imre Pan" (1978) ainsi que "Cortège" (1959) et "Dédale" (1960) de Pierre Lecuire (illustrés par André Lanskoy). 

Composé de 17 boites (ASSE 1-17), le fonds actuellement en cours de traitement, se décline en plusieurs thématiques : papiers personnels et professionnels, correspondance avec des particuliers dont le poète et éditeur Pierre Lecuire ou avec des musées, galeries, maisons d’édition etc., commandes pour la décoration de vitraux ou de céramiques, préparation d’expositions individuelles ou collectives ainsi que ses projets de publications (notamment sous forme de maquettes), sans oublier ses archives photographiques (portraits, vues de vernissage et reproductions d’œuvres).

Geneviève Anne Marie Bodin dite Geneviève Asse (nom de jeune fille de sa mère) est née à Vannes en 1923. Après avoir été élevée avec son frère jumeau par leur grand-mère dans le Morbihan, les deux enfants rejoignent en 1932 leur mère à Paris, remariée avec Etienne Le Sourd, propriétaire des éditions Delalain. De 1940 à 1942, Geneviève Asse est élève à l’École nationale des arts décoratifs. En 1942, elle suit le cours préparatoire de l’École d’Art dramatique Charles Dullin, puis en 1943, elle s’inscrit à l’Ecole du Louvre. Dès 1942, elle participe au Salon des moins de trente ans où elle est remarquée par Jean Bauret, collectionneur et industriel du textile puis en 1943, elle fréquente le Groupe de l’Echelle, créé la même année à Montparnasse notamment par Jacques Busse, Jean-Marie Calmettes et Jean Cortot.
Inscrite à l’Union des étudiants de France dès 1940, dans le Paris occupé, elle poursuit son engagement en rejoignant fin 1943, les Forces françaises de l’intérieur aux côtés de son frère. Elle participe à la Libération de Paris, puis elle devient conductrice-ambulancière dans le 15e bataillon médical de la 1re division blindée. A ce titre, elle participe aux campagnes d’Alsace et d’Allemagne ainsi qu’au printemps 1945, à l'évacuation du camp de concentration de Theresienstadt (Tchécoslovaquie) où Robert Desnos vient de succomber du typhus. Pour saluer ces actions, elle reçoit la Croix de Guerre en 1945. 


De 1946 à 1947, elle dessine pour les maisons de tissus Bianchini-Férier, Flachard, Paquin et pour Jean Bauret. En 1946, elle expose notamment au 6e Salon des moins de trente ans et en 1948, au Salon d’automne. En 1950, elle installe son atelier boulevard Blanqui (13e arrondissement de Paris), dans un local mis à sa disposition par les Editions Delalain. C’est à partir de cette période, que Geneviève Asse expose dans différents musées et galeries en France et à l’étranger. En 1954, la Galerie Michel Warren (Paris) présente sa première exposition personnelle. Après des débuts figuratifs liés essentiellement aux natures mortes, elle se tourne progressivement vers l’abstraction dans les années 60. Après avoir travaillé le blanc puis, elle privilégie le bleu qui devient emblématique de sa peinture à partir des années 1980 jusqu’à porter son nom. 
Elle s’intéresse également à la gravure grâce à sa rencontre avec Pierre Lecuire dont elle va illustrer neuf de ses livres, notamment L’air (1964), Litres (1969) et l’Art poétique (1995). En tant qu’illustratrice, elle va collaborer avec de nombreux écrivains comme Samuel Beckett (Abandonné, 1972), André Frénaud (Haeres, 1977), Yves Bonnefoy (Début et fin de la neige, 1989), André du Bouchet (Ici en deux, 1982) etc. En 1961, elle rencontre l’écrivaine argentine Silvia Baron Supervielle tout juste arrivée de Buenos Aires. 
Une première rétrospective est consacrée à Geneviève Asse en 1968, au Musée des Beaux-Arts de Reims, suivie de trois autres : musée d'art moderne de la Ville de Paris (1988), musée de Rouen (2009-2010) et Musée des Beaux-Arts de Lyon (2015). En 1970, elle obtient après quinze ans d’attente, un atelier d’artiste au 7, rue Ricaut (13e arrondissement de Paris). 
Elle répond également à diverses commandes dans des domaines variés tels que la tapisserie, le vitrail à la Cathédrale de Saint-Dié (1988) et à la Collégiale de Lamballe (1996) ou encore, la céramique avec la Manufacture nationale de Sèvres (2000). A partir de 1987, Geneviève Asse poursuit son travail entre l’Île-aux-Moines, dans le Golfe du Morbihan et Paris. En 2013, suite à une importante donation réalisée par l’artiste en 2000, le Centre Pompidou lui consacre une exposition dont le commissariat est assuré par Christian Briend. En 2014, elle est décorée de la Grand-Croix de la Légion d'honneur. 


Décédée à Paris le 11 août 2021 à l’âge de 98 ans, elle est inhumée à l’Île-aux-Moines.

 

Crédits de l'image : Véra Cardot : Geneviève Asse : portrait de l'artiste dans son atelier, ca.1958-1959. Bibliothèque Kandinsky, Mnam-Cci, Centre Pompidou. Fonds Vera Cardot-Pierre Joly.


 

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