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Bibliothèque Kandinsky

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[RENCONTRE] Atelier de consultation collective : scrapbooks de Jo Spence

Rencontre

Le 18 juin 2025 à partir de 18h30, la Bibliothèque Kandinsky propose pour la première fois une consultation publique d’une sélection de scrapbooks réalisés par l’artiste et photographe britannique Jo Spence (1934–1992). Ce fonds exceptionnel réunit quarante cahiers composés entre 1980 et 1992 : de simples carnets du commerce, détournés en objets de travail et de mémoire. Jo Spence y assemble ses photographies – souvent légendées ou annotées – ainsi que des extraits de livres, d’articles et de journaux.

 
Présentation

Cette soirée s’inscrit dans le projet d'exposition qui ouvrira à Treize en octobre 2025, sous le commissariat de Georgia René-Worms et avec la complicité de Gallien Déjean et Emmanuel Guy. L’exposition présentera plus de 120 œuvres et documents, il s’agit de la première exposition monographique consacrée à Jo Spence en France. À l'occasion de l’exposition, plus d’une vingtaine de pages de scrapbooks seront présentées. 

En raison de la fragilité matérielle des objets, leur déplacement hors de la Bibliothèque Kandinsky n’est pas envisageable. La soirée du 18 juin est donc l'occasion de présenter ces objets, de discuter de leur singularité comme des liens qu’ils entretiennent avec la vie et le reste de l'œuvre de Jo Spence. On entendra Fanny Lautissier, archiviste, qui a finalisé l’inventaire et l’instrument de recherche des scrapbooks pour la Bibliothèque Kandinsky. Elle présentera l’histoire de l’entrée de ce fonds dans les collections en 2018 (don du CHANEL Fund for Women in the Arts and Culture via les Amis du Centre Pompidou, achat initial auprès de la Richard Saltoun Gallery, Londres). Patrizia Di Bello, conservatrice du Jo Spence Memorial Library Archive à Birkbeck, University of London, discutera de l’importance des scrapbooks dans la méthode de travail de Jo Spence. Chercheuse en histoire de l’art, Léna Lévy montrera comment les scrapbooks constituent l’une des matrices de sa recherche (« ‘‘L’intime est politique.’’ Les corps malades féminins chez Jo Spence et Hannah Wilke » (Perspective, n°2 / 2024, « Corps extrêmes »). Georgia René-Worms abordera les problématiques d'écriture polyphonique de l’intime à travers les différents modes de collaboration amicales et amoureuses qui traversent l'œuvre de Jo Spence en s’appuyant sur une sélection de pages de scrapbooks. Pour finir avant la discussion, Gallien Déjean, Emmanuel Guy et Georgia René-Worms discuteront ensemble des enjeux d’auto-organisation collective en tant que geste curatorial lié ou pas aux pratiques d’exposition de Jo Spence.

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Jo Spence, Scrapbook 4 « Nottingham », 1982
Centre Pompidou/MNAM-CCI/Bibliothèque Kandinsky, Fonds Jo Spence, SPE 4
Photo : © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Bibliothèque Kandinsky/Fonds Jo Spence/Dist. GrandPalaisRmn 

Le travail photographique et théorique de Jo Spence aborde des questions de classe, de pouvoir et de genre, ainsi que notre rapport à la représentation de la maladie et de la mort. En 1982, elle est diagnostiquée d’un cancer du sein, suivi d’une leucémie en 1990. Jusqu’à sa mort en 1992, elle se consacre au développement d’une méthode qu’elle appelle « photothérapie », utilisant la photographie comme outil thérapeutique pour documenter sa lutte contre la maladie. Par la photothérapie, elle explore l’autoreprésentation et critique les stéréotypes de beauté et de santé. Ses expérimentations photographiques sont profondément liées à sa vie personnelle ; elle s’intéresse également aux thèmes de la romance et des relations interpersonnelles, qu’elles soient familiales ou amicales.

À la frontière du journal de soi et du laboratoire visuel, ces scrapbooks témoignent d’une pratique où l’intime devient terrain politique et critique. Les scrapbooks montrent bien le dialogue entre la matérialité de l’intime, la vie au jour le jour, et les recherches plastiques et théoriques. On y cherche – et on y trouve –, l’interface délicate entre la vie vécue et l'œuvre produite. Les scrapbooks questionnent nos manières de classer et donc d’envisager les choses, les gens, les œuvres : archives intimes, archives professionnelles, archives pédagogiques, art. Durant cette session de consultation, il s’agira d’activer une lecture de la portée politique, pédagogique et affective de l’œuvre de Jo Spence.

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Jo Spence, Scrapbook 4 « Nottingham », 1982
Centre Pompidou/MNAM-CCI/Bibliothèque Kandinsky, Fonds Jo Spence, SPE 4 
Photo : © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Bibliothèque Kandinsky/Fonds Jo Spence/Dist. GrandPalaisRmn 
 
Biographie des intervenant·es 

 

Patrizia Di Bello est professeure d’histoire et de théorie de la photographie à Birkbeck, University of London, où elle dirige le Murray Centre for the History of Art, Architecture and Photography, et assure la conservation de la Jo Spence Memorial Library Archive. Elle est également rédactrice en chef de la revue History of Photography. Ses recherches portent sur les multiples formes d’engagement des femmes avec la photographie – en tant qu’artistes, collectionneuses et autrices –, de Julia Margaret Cameron à Ana Mendieta et Jo Spence. Elle est l’autrice de Sculptural Photographs from the Calotype to Digital Technologies (Bloomsbury, 2017), et a coédité The Photobook from Talbot to Ruscha (IB Tauris, 2012) avec Colette Wilson et Shamoon Zamir. Son premier ouvrage, Women’s Albums and Photography in Victorian Britain : Ladies, Mothers and Flirts (Ashgate, 2007), explore les pratiques photographiques féminines dans l’Angleterre victorienne.
Elle travaille actuellement à l’édition critique d’une anthologie des écrits de Jo Spence sur la photographie.

Gallien Déjean est historien de l'art. Il enseigne à l'ENSAPC (France) et à l'ECAL (Suisse).

Emmanuel Guy est enseignant de lettres dans le 93 et historien de l’art. 

Ils sont tout deux membres de Treize, espace de production, de diffusion et d'auto-organisation situé à Paris. Ils fabriquent des expositions, écrivent des textes, publient des livres, et se demandent souvent pourquoi.

Léna Lévy est diplômée de l’ENS de Lyon et Paris 1 en histoire de l’art. Elle achève actuellement une thèse de doctorat à Paris 1 sur les enjeux esthétiques et politiques de la représentation des corps malades féminins par des femmes artistes de 1970 à la fin des années 1990, sous la direction d’Elvan Zabunyan. Elle a publié plusieurs articles dont « ‘‘L’intime est politique.’’ Les corps malades féminins chez Jo Spence et Hannah Wilke » (Perspective, n°2 / 2024, « Corps extrêmes »). 

Georgia René-Worms est autrice-curatrice, son travail s’articule autour de deux axes : un axe documentaire dans la lignée d’une épistémologie féministe et un axe narratif. Depuis 2018 et à partir de son expérience personnelle, elle travaille à la possibilité de mettre en place un corpus, autre que celui de la littérature scientifique, pour aborder dans un geste émancipateur l’histoire des corps malades, traumatisés et leur écologie de vie. Ses recherches et écrits sont conçus comme des expériences de vie où l'intime et le travail s'interpénètrent. Ses derniers projets comprennent l’exposition Nos corps anarchiques (2023) dont une publication est à venir avec le soutien du CNAP, A House is Not A Home, Marianne Berenhaut (2024), Les pensées du cœur: José Leonilson (2025). Elle prépare actuellement avec la complicité de Gallien Déjean et Emmanuel Guy, une exposition personnelle de Jo Spence (Octobre 2025, Treize). 

 

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Jo Spence, Scrapbook 19 «17», 5 février-14 mars 1987
Centre Pompidou/MNAM-CCI/Bibliothèque Kandinsky, Fonds Jo Spence, SPE 19
Photo : © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Bibliothèque Kandinsky/Fonds Jo Spence/Dist. GrandPalaisRmn 

 

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Quand

Le 18 juin 2025

18h30 - 20h30



Bibliothèque Kandinsky, salle de lecture