Esthétique du secret
De la saga James Bond aux séries Le Bureau des légendes ou Homeland, sans oublier les films Conversation secrète ou Zero Dark Thirty, le monde secret de l’espionnage fascine. Cet attrait pour l’occulte, au sens propre, traverse également la création artistique, à l’instar d’À bruit secret, de Marcel Duchamp (1916), mystérieux objet de convoitise, ou du Double secret de René Magritte (1927), matérialisation paradoxale de l’invisible. Prenant appui sur la culture populaire tout en puisant dans les collections ou fonds d’archives conservés par le Musée national d’art moderne/Centre Pompidou (MNAM), de Guy de Cointet à Jill Magid, en passant par Mark Lombardi, le séminaire « Esthétique(s) du secret » met en dialogue univers de l’espionnage et création artistique à travers des échanges inédits entre professionnels du renseignement, d’une part, et artistes, historiens d’art ou commissaires d’exposition, d’autre part. Un premier cycle (2022-2023) s’intéressera aux procédés, moyens ou techniques déployés par l’espion et les bureaucraties du secret, et manifestes dans certaines pratiques artistiques modernes et contemporaines. Déguisements, gadgets, dispositifs optiques et de surveillance, langage codé, complots (réels ou imaginaires), bâtiments secret-défense : seront ainsi esquissées les limites sensibles de cet art de la dissimulation, humaine ou technologique. L’année suivante (2023-2024) replacera l’art et les créateurs au cœur des confrontations idéologiques passées et présentes en interrogeant les modalités des « guerres culturelles » (artiste-espion ; propagande et influence ; résistances).
Projet réalisé dans le cadre du programme de recherche européen DEMOSERIES (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/Conseil Européen de la Recherche – ERC).
Responsables scientifiques: Nicolas Liucci-Goutnikov (conservateur, chef de la Bibliothèque Kandinsky, Centre Pompidou), Pauline Blistène (philosophe et politiste, DEMOSERIES, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Tatsiana Zhurauliova (historienne de l’art, DEMOSERIES, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).
Coordination: Thomas Bertail (historien de l’art, Bibliothèque Kandinsky, Centre Pompidou) ; Anastasia Krutikova (DEMOSERIES, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).
Programme:
Séance 1 - L’art de la dissimulation : déguisements et gadgets
13 octobre 2022, de 18h30 à 20h30
Perruque, costume, rouge à lèvre empoisonné, stylo piégé : cette séance inaugurale questionne la dissimulation comme procédé, chez l’espion ou l’artiste.
Avec : Jonna Mendez, ancienne Chief of Disguise de la CIA ; Anna Slafer, International Spy Museum ; Brice Dellsperger, artiste.
Séance 2 - Dispositifs optiques et technologies de surveillance
1er décembre 2022, de 18h30 à 20h30
Appareil photo, caméra, viseur : il s’agira d’explorer les mises en scène des technologies de surveillance et de questionner la politique du regard induite par la matérialité de l’œil du pouvoir, entre formalisation du panoptique et horizons artistiques.
Avec : Ophir Lévy, Université Paris 8 ; programme en cours de finalisation.
Séance 3 - Codes et cryptographie
2 février 2023, de 18h30 à 20h30
De Bletchley Park au Centre Pompidou, d’Enigma à ACRCIT, cette séance met en dialogue historiens de la cryptograhie, théoriciens du code et spécialistes de l’œuvre de Guy de Cointet.
Avec : Juliet Floyd, Boston University ; David Kenyon, Bletchley Park ; Christophe Lemaître, artiste.
Séance 4 - Formes du complot
6 avril 2023, de 18h30 à 20h30
Placée sous les auspices artistiques de Mark Lombardi, cette séance explore la formalisation esthétique du complot et de la mise en réseau.
Avec : Anne Ganzert, Universität Konstanz; Hugo Drochon, University of Nottingham; Robert Hobbs, University of Tennessee.
Séance 5 - Architectures du secret
1er juin 2023, de 18h30 à 20h30
Zones « secret défense », bâtiments à accès réglementé : cette séance conclusive explore les matérialisations architecturales du secret et ses effets sur le corps social et politique, entre compartimentalisation de l’espace et dialectique de la dissimulation.
Avec : Jill Magid, artiste ; Pauline Blistène, DEMOSERIES, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/King’s College London.